Dans bien des cas, le droit est un fil conducteur qui - traversant des œuvres littéraires - favorise la problématisation de questions souvent étrangères à l’univers juridique. Il en est ainsi que l’on entende le droit comme un système de textes régi par la cohérence normative de ceux-ci entre eux ou comme une articulation de normes et de décisions habitées par une idée provisoire du juste.
Le face-à-face Droit et Littérature, dispositif ancien actualisé par le caractère public de la scène judiciaire à partir du 19ème siècle, ouvre un champ de recherche et de réflexion sur les conflits de valeurs comme sur le vitalisme déployé par les sociétés humaines lorsqu’il s’agit pour elles de se penser comme de donner forme au réel. Et si le droit circule dans la littérature, la littérature quant à elle circule aussi dans le droit.
De ce couple il sera question lors du colloque qui se tiendra à Cerisy-la-Salle cet été du 19 au 25 août prochains. Intitulé Là où se déploie le monde, et dirigé par Sandra Travers de Faultrier (docteur en droit, docteur es lettres, diplômée de Sciences-Po Paris) avec l’aide de Nicolas Dissaux, Yves-Édouard Le Bos et Laurent Loty, il réunira des écrivains, des juristes, des littéraires, des historiens, des philosophes, tous attachés - qu’ils soient universitaires ou non - à la richesse de cette « indisciplinarité » respectueuse des disciplines qui y seront convoquées.
En effet, là où se déploie le monde on trouve le droit, on trouve la littérature, deux disciplines enracinées dans l’histoire et ayant pour tâche de rendre visible, ou de le constituer, un réel insaisissable et cependant résistant.
La démarche Droit et littérature rend possible tout en l’éclairant, un dialogue entre ces langues. Que ce soit à partir de thèmes notionnels ou de genres (que ceux-ci relèvent du roman, de la poésie ou d’une narratologie embrassant le témoignage, les essais, les récits), il invite, à la croisée de dynamiques trop souvent jugées étrangères l’une à l’autre, à considérer « la créance de sens » d’un monde « qui va », d’un « monde qui ne va pas » comme à celle qu’une telle pratique induit.
Trois temps donc, la possibilité d’un dialogue, « les personnages de la pensée », la « créance de sens » structureront ces journées. Journées qui, confiées à la bienveillante douceur d’un château familial manchois, insisteront sur la dimension créatrice de la saisie du droit et de la littérature en mouvement et nourrissant la vie « en train de se faire ».
Renseignements pratiques, programme et inscriptions sont consultables ici
