La Quotidienne : En 2021, Le Village de la LegalTech se transforme. Il s’enrichit de quatre villages supplémentaires et devient les Rendez-vous Transformations du Droit. Pourquoi est-ce important de venir à cet événement ? Pourquoi le choix du présentiel ?
Sumi Saint-Auguste : Tout simplement pour se retrouver. Avec la crise sanitaire, cela fait plus d’un an et demi que nous n’avons pas pu prendre part à ce type d’événement qui permet de réunir en un même lieu les acteurs de l’innovation et de la transformation du droit et de ses pratiques. Nous avons fait le pari, en tant qu’Open Law* Le Droit Ouvert, de mettre l’accent sur le présentiel car toute la valeur de ce type de manifestation réside dans les rencontres et le networking.
Mathieu Bouillon : L’innovation se crée grâce à la collaboration. Tous les acteurs de l’écosystème juridique seront présents pour phosphorer, apprendre, se remettre en question et proposer des solutions concrètes aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. Un événement central tel que les Rendez-vous Transformations du droit est le meilleur moyen d’y parvenir.
La Quotidienne : Lefebvre Dalloz sera présent aux Rendez-vous Transformations du Droit. Quels sont les sujets que vous allez aborder et sous quelles formes ?
Mathieu Bouillon : Lefebvre Dalloz sera présent dans les différents villages et animeront plusieurs ateliers anglés sur certaines pratiques et produits de notre marque. Nous organisons également deux conférences plénières que nous avons souhaité singulières.
La première conférence s’intitule : « Lefebvre Dalloz ou Google : qui a le droit ? ». Elle aura lieu le jeudi 18 Novembre et sera animée par Véronique Maugeri, Product Owner R&D Lefebvre Sarrut, Michaël Benesty Directeur R&D Lefebvre Sarrut et Camille Sztejnhorn, Directrice de l’innovation Lefebvre Sarrut. Lors de cette conférence, nous aborderons la question de la ligne de démarcation qui existe entre les éditeurs, qui possèdent le contenu, et Google, qui détient la technologie. Nous savons que les juristes utilisent majoritairement Google pour rechercher de l’information mais qu’ils accordent leur confiance aux éditeurs. Comment dépasser ce dilemme ? En proposant aux utilisateurs le meilleur des deux mondes, sans qu’ils aient à choisir entre ergonomie et confiance. C’est ce que nous allons proposer lors de cette conférence.
Sumi Saint-Auguste : La deuxième conférence aura lieu vendredi 19 novembre. Elle s’intitule : « Tendances 2021 de l’innovation juridique et legaltech : que retenir ? ». Mathieu Bouillon et moi-même décrypterons les tendances incontournables qui, parfois à court terme, auront un impact sur notre écosystème juridique mais également sur nos vies. Cette conférence se déroulera en forte interaction avec le public.
La Quotidienne : En avant-première, pouvez-vous nous dévoiler quelques-unes des tendances que vous évoquerez ?
Mathieu Bouillon : Selon moi, une grande tendance actuelle et future est l’arrivée des metaverses. Pour faire simple, le metaverse est un monde en ligne virtuel et immersif qui, bien que virtuel, va proposer des activités approchant celles du monde réel. Par exemple, à terme, il sera possible d’y détenir des propriétés. Ce qui soulève de nombreuses questions, notamment juridiques. Par exemple, les NFT (« Non Fungible Token » - « objet » numérique enregistré dans une blockchain.) sont une manière d’établir un lien de propriété mais est-ce que ce lien aura le même niveau de droit dans tous les pays ? Quid des nuisances, de la détérioration de propriété, des organismes qui vont prêter de l’argent virtuel en cryptomonnaies pour accéder à la propriété ? Ces metaverses seront-ils ouverts, propriétaires ou interopérables ? Dans tous les cas, ce nouvel écosystème aura besoin d’un cadre juridique. Les legaltechs, juristes et éditeurs juridiques ont un rôle clef à jouer dans ce bouleversement.
Sumi Saint-Auguste : On voit qu’une couche professionnelle s’impose irrésistiblement dans ces univers a priori dévolus au loisir et à la consommation de masse. Avec l’annonce par Mark Zuckerberg de la création de Meta, ce ne sont plus uniquement des sujets prospectifs : ils modifient le marché et tractent l’innovation. Ainsi, de nombreux projets, comme Microsoft Mesh, sont désormais orientés usage professionnel et se sont accélérés avec l’annonce de Meta.
La Quotidienne : Quelles autres grandes tendances seront abordées lors de cette plénière ?
Mathieu Bouillon : Nous nous intéresserons également à la concentration et à l’intégration des start-up legaltechs. On voit aujourd’hui qu’elles s’organisent et se structurent. D’une phase pionnière, sous forme de « laboratoire », elles sont arrivées aujourd’hui à maturité.
Autre tendance : la passion economy. Pour résumer, de nombreux créateurs aujourd’hui sont rémunérés grâce aux dons et à des cagnottes de crowdfunding. Cette communauté de donneurs sont des passionnés qui consomment gratuitement mais rétribuent le créateur à un moment X pour remercier la passion, l’engagement qu’ils reçoivent. Ce sujet est loin d’être anecdotique car cette économie représente aujourd’hui des milliards d’euros et des records de levées de fonds sont observés tous les mois.
Sumi Saint-Auguste : Ce sujet de la passion economy traverse toute la société : l’économie bien sûr mais également le travail, la production de valeur… et amène à de nouvelles questions juridiques, par exemple sur ce qu’est un contrat de travail, sur la fiscalité et sur la manière dont les entreprises doivent capter et garder leurs collaborateurs. Une vraie économie est en train d’émerger, avec une réelle valeur intrinsèque. C’est aussi un formidable sujet d’innovation et un nouveau modèle d’entrepreneuriat.
Propos Recueillis par Angeline DOUDOUX et Laurent MONTANT