La Quotidienne : Pourquoi avoir crééentreconfrères.fr?
Marie Duault : L’idée est venue lors d’un concours « projets innovants » initié par le Conseil National des Barreaux en 2016. Avec deux autres élèves-avocates, nous avons voulu créer une plateforme collaborative pour les avocats, « Astra Librae », afin de les assister dans les différentes étapes de leur carrière, et nous avons remporté le prix du jury, à l’unanimité.
Nous sommes parties du constat suivant : 25 % des avocats quittent la profession au bout des 10 premières années d’exercice. En cause notamment, des difficultés à s’installer, à développer leur clientèle et à être visible sur internet. Seulement 1 avocat sur 3 est présent sur internet aujourd’hui.
Afin de répondre à ces différentes problématiques, j’ai repris ce projet qui est devenu « Entre confrères ».
La Quotidienne : En quoi cette plateforme collaborative se distingue-t-elle des autres ?
M.D. Cette plateforme a une visée interprofessionnelle puisqu’elle s’adresse aussi bien aux avocats, aux juristes d’entreprises, aux huissiers et aux notaires. Elle met en relation différentes professions qui peuvent avoir des problématiques communes pour qu’elles puissent échanger au quotidien et suivre les mêmes formations.
Le premier service que nous lançons est celui du « recrutement innovant », basé sur les compétences juridiques recherchées, les soft skills (qualités humaines intrinsèques qui font la personnalité d'un individu et qui relèvent de l'intelligence émotionnelle) et les conditions de travail au sein des cabinets d’avocats et des structures. L’objectif est de mettre en relation le bon candidat avec la bonne structure pour favoriser la fidélisation et pérenniser la relation de travail.
La Quotidienne : Concrètement, comment cela se matérialise-t-il ?
M.D. La structure procède à son auto-évaluation sur les conditions de travail qu’elle offre à ses collaborateurs à l’aide d’un système de notation à étoile. Elle choisit les critères qu’elle souhaite remplir et peut en retour permettre à son équipe d’évaluer les critères sur lesquels elle s’est auto-évaluée. Tout ceci dans le respect des règles de déontologie et de publicité. L’objectif n’est pas de porter atteinte à la concurrence ou de faire de la publicité mensongère mais que chacun puisse trouver le candidat et le recruteur qui lui convient. Les générations Y et Z sont très attentives à l’environnement de travail avant d’accepter un poste, ce système de notation est utile et très attendu.
La Quotidienne : Quels sont les prochaines étapes du projet ?
M.D. Nous allons continuer à développer différents services ces deux prochaines années : un forum pour discuter des problématiques communes à chaque profession, des formations sur l’entreprenariat (marketing, communication, management, etc.) et le numérique (internet, réseaux sociaux, outils de legaltechs correspondants aux différents besoins des structures, etc.) ainsi que sur le matching (faire correspondre une personne à une formation ou à un recruteur grâce l’intelligence artificielle). Ces formations prendront la forme d’e-learning, de webinaires, de workshops interactifs mais aussi de présentiels.
La plateforme s’inscrit également dans une volonté de mettre à disposition des professionnels du droit des outils pour leur permettre d’améliorer leur chiffre d’affaires, de créer du business et de vivre différemment leur profession. Ces outils seront mis en place dès 2019.
Propos recueillis par Angeline DOUDOUX
Marie DUAULT, avocat et fondatrice du site entreconfrères.fr