Digitalisation, réglementation (loi Pacte), recrutement… tels sont les trois principaux thèmes sur lesquels Laurent Benoudiz (président de l’Ordre des experts-comptables de la région Paris Ile-de-France), Olivier Boucherie (président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Versailles) et Olivier Salustro (président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Paris) ont échangé hier pour évoquer l’avenir de la profession comptable.
Certes le marché progresse, on note une croissance du chiffre d’affaires global de la profession mais les écarts se creusent entre les cabinets, la profession connaît un déficit d’image et la loi Pacte est menaçante. L’ensemble ne facilite pas les recrutements de nouveaux acteurs qui préfèrent se tourner vers les cabinets de conseils, la banque ou la finance.
Face aux éternelles questions « la digitalisation est-elle une menace ou une opportunité ? Est-ce que l’expertise comptable va disparaître ? », les trois présidents se sont montrés rassurants. A n’en pas douter, l’intelligence artificielle, l’automatisation des traitements (fort développée au sein de grands cabinets), la facture électronique vont compromettre des missions de base comme la comptabilité. Selon Laurent Benoudiz, « un vrai besoin de remise en cause, sans se reposer » s’impose mais la profession a la capacité de s’adapter, de se former afin de répondre aux besoins des clients qui ont évolué. Un effort de valorisation de l’offre de services proposée doit être fourni. Sécurité, qualité, accompagnement : la prestation globale proposée par les experts-comptables et commissaires aux comptes doit être mieux perçue par les entreprises.
A cet effet, les institutions professionnelles accompagnent leurs adhérents avec :
- la mise à disposition de plateformes (par exemple, bbusi.com qui permet de mettre en relation les confrères pour proposer ou trouver des missions externalisées ; PON, qui propose un référencement collaboratif des outils numériques de la profession ou encore, le lancement prochain d’une plateforme de mise en relation des cabinets avec les écoles de comptabilités, de gestion et d’audit) ;
- la mise en place de nouvelles offres de formations jugées plus souples pour tenir compte de la réforme (v. avis du 12 juillet 2018 du H3C ; mise en place à compter du 1er janvier 2019) ;
- les actions de lobbying. Ainsi, de nombreux échanges ont été noués avec des députés pour porter les amendements que les institutions entendent faire adopter dans le cadre de la loi Pacte et qui poursuivent trois objectifs : promouvoir une nouvelle mission d’audit légal pour les PME privées de tout recours au CAC du fait de l’abaissement des seuils envisagés ; imposer l’audit légal dans les filiales des grands groupes ; accompagner les CAC afin que ces derniers puissent s’inscrire automatiquement pour cinq ans au tableau de l’Ordre et exercer ainsi la profession d’expert-comptable (cette mesure devant aussi bénéficier aux stagiaires en cours de formation).
Si les institutions professionnelles ne sont pas prêtes à fusionner afin de ne pas perdre les finalités propres à chacune, la solidarité est papable afin que la profession comptable parvienne à rebondir et à assurer son avenir.
Audrey TABUTEAU