Au moment où l’Europe prenait forme par le traité de Rome en mars 1957 lui conférant une puissance économique la plus importante de son histoire, quelques précurseurs présentaient la nécessité de structurer les métiers de la finance dont la représentativité, éparse, ne leur permettait pas de donner toute leur mesure.
C’est en effet à la faveur d’un mouvement de professionnalisation que plusieurs visionnaires ont voulu se réunir, visant l’inter-professionnalité comme vertu cardinale pour dessiner un avenir en commun. Nous en avons eu l’exemple concret à cette même période, à travers la création de la Chambre Nationale des Conseils Experts Financiers, syndicat défendant l’intérêt général de ses membres, regroupant à mesure, les personnes physiques et morales désireuses de mettre en valeur leur activité, de la faire reconnaître des pouvoirs publics et de se former.
Mais plus que les structures professionnelles représentatives, c’est le métier de Conseil Expert Financier indépendant qui allait être reconnu comme un véritable professionnel généraliste et qualifié, praticien des questions économiques et financières et initié aux méthodes de financement les plus avancées en direction des entreprises. Les « Trente-Glorieuses » puis les années 80 ont fait naître le besoin de donner un cadre universitaire au métier de Conseil expert financier et c’est ainsi que sous l’impulsion de la CNCEF (Chambre nationale des conseils experts financiers), les universités et grandes écoles ont intégré un diplôme spécifique, lui donnant pleine légitimité.
L’internationalisation des échanges, les évolutions structurelles de notre économie et les nouveaux besoins des acteurs financiers ont amené les professionnels de la planète finance à accompagner les mutations de la commercialisation des produits financiers en France. En même temps, la complexité des dossiers a amené le Conseil Expert Financier à pratiquer davantage l’inter-professionnalité, impliquant l’exercice en commun de plusieurs professions libérales dans la résolution des cas à traiter : juridiques, comptables, immobilières. Ceci en préservant son indépendance au service du consommateur final naturellement.
Après s’être structuré à la faveur des réglementations françaises et européennes puis avoir adopté la multi-disciplinarité dans son exercice, notre métier va connaître une nouvelle révolution ; à savoir la digitalisation et l’ubérisation. De nouveaux modèles économiques et de nouveaux acteurs comme les Fintechs émergent dans les secteurs de la finance et de l’assurance.
Face à cette nouvelle concurrence, de nouveaux services naîtront. Dans le domaine bancaire, l’intelligence économique peut générer des activités de conseils à la place des hommes, ce qui ne manque pas d'inquiéter les cadres employés dans ce secteur : sommes nous à l’abri ? Dans l'avenir, la combinaison de données fera peut-être naître de nouvelles applications dont nous n’avons pas encore idée, à l'instar de celles qui fleurissent aujourd'hui sur nos appareils électroniques et que nous n’imaginions pas hier !
Par Didier KLING
Commissaire aux comptes, Didier Kling a fondé le cabinet Didier Kling & Associés en 1979. Expert près la cour d’appel de Paris, agréé par la Cour de cassation, il est Président de la Chambre nationale des conseils et experts financiers et de la CCI Paris Ile-de-France. Il est également membre du Collège du Haut conseil du commissariat aux comptes.