Et si la vente immobilière devenait collaborative ? Tel est le pari réussi par la plateforme digitale MyNotary. Les cofondateurs, Fabrice Luzu, notaire associé au sein de l'étude 1768 Notaires à Paris, et Sacha Boyer, titulaire d’un DJCE et féru de nouvelles technologies, ont mis leurs convictions au service du notariat.
Pourquoi avoir lancé une plateforme collaborative ?
Fabrice Luzu. L’idée de départ est le fruit d’une réflexion sur le notaire 2.0, le digital offrant des opportunités pour automatiser des tâches administratives fastidieuses. Dans les offices, nous disposons de juristes hautement qualifiés qui sont absorbés par ces tâches (relance des syndics, prise de rendez-vous, vérification des certificats de compétence d’un diagnostiqueur, saisie des données dans des outils informatiques, etc.). Tout ce qui est simple, répétitif et automatisable doit être déchargé sur le numérique.
Sacha Boyer. Avec les lois adoptées en droit immobilier, telle la loi Alur, les tâches du notaire sont souvent réduites à la collecte d’une multitude d’informations et de pièces. Cette dimension réglementaire prend le pas sur la dimension conseil du métier et envahit le quotidien des études. Le processus collaboratif a un effet vertueux pour la relation client et facilite le traitement des dossiers. Un système d’échanges 100 % web allège les flux de documents.
Quel est l’objet de MyNotary et quels sont les bénéfices peut en tirer un office ?
SB. La vocation de la plateforme est de digitaliser le compromis de vente et d’alléger le processus d’élaboration du contrat, avec trois axes :
- permettre la co-construction du dossier de vente immobilière dans une logique collaborative entre les multiples intervenants que sont vendeur, acquéreur, notaire, agent immobilier, géomètre, diagnostiqueur, syndic, banquier, assureur ;
- collecter et centraliser l’ensemble des pièces nécessaires à la rédaction d’un compromis de vente pour les mettre à disposition des professionnels ;
- fabriquer un modèle de compromis que le notaire peut ensuite aménager.
FL. Les avantages sont tangibles pour le notaire et ses collaborateurs. Délestés des appels téléphoniques, leurs messageries électroniques désengorgées, les manipulations de données restreintes, ils peuvent se concentrer sur l’analyse juridique et l’accompagnement de leurs clients. Ils se connectent à la boîte de dialogue de MyNotary. Le lien est continu, les interlocuteurs s’affranchissent des impératifs d’agenda. En évitant la multiplication des manipulations sur différents sites, les erreurs de saisie sont limitées et la sécurité est renforcée.
Enfin, cet outil aide les notaires à mieux présenter et valoriser leurs missions de conseil.
Quel succès rencontre ce service ?
SB. Le service est proposé aux seuls professionnels, les intermédiaires immobiliers étant les premiers intéressés. Ils paient un droit d’utilisation facturé à la prestation, 159 € par compromis dans le cadre d’une utilisation occasionnelle. Depuis le lancement, 775 agents ou conseillers immobiliers et 250 notaires, principalement de province, l’ont utilisé et les retours sont positifs.
Propos recueillis par Alexandra DESCHAMPS
Pour en savoir plus sur l’offre de MyNotary, les fonctionnalités et perspectives de la plateforme, lire Solution Notaires n° 3/17 inf. 73
Fabrice LUZU
Sacha BOYER
