La Quotidienne : Pouvez-vous replacer le métier de conseil en investissements financiers dans le cadre plus global du conseil en gestion de patrimoine ?
Stéphane Fantuz : Par facilité de langage, on parle de conseil en gestion de patrimoine (CGP), mais ce statut n’existe pas, à proprement parler. Sous cette appellation générique, coexistent en réalité différentes spécialités. Le conseil en investissements financiers (CIF), qui relève de l’autorité des marchés financiers et du Code monétaire et financier, est l’une de ces spécialités. Comme son nom l'indique, son activité porte uniquement sur les instruments financiers. A côté, on trouve le métier d’intermédiaire en opération de banque et de service de placement (IOBSP), qui répond aux clients en recherche de financement,et le métier d’intermédiaire en opération d’assurance (IAS), qui répond aux clients qui souhaitent souscrire un contrat d’assurance. Il y a encore les professionnels titulaires de la « carte T », qui peuvent répondre aux demandes de placement immobilier, et ceux qui détiennent la compétence juridique appropriée (CJA) permettant de faire des recommandations juridiques dans le cadre du conseil patrimonial.
La Quotidienne : Quel est le champ d’intervention du conseil en investissements financiers ?
S.F. : Le CIF s’occupe notamment des plans d’épargne en actions (PEA), des comptes-titres, de défiscalisation, de fonds d’investissement de proximité (FIP), de FCPI de fin d’année, utiles pour réduire l’impôt sur le revenu ou sur la fortune… En résumé, il est celui qui fait une recommandation personnalisée sur un instrument financier, en ce compris le conseil en haut de bilan et le conseil en fusions-acquisitions. En effet, conseiller un chef d’entreprise sur des titres de SAS ou de SA c’est, selon nous, faire une recommandation personnalisée sur un instrument financier. Sur ce point, il y a parfois divergence entre les pouvoirs publics, les directives européennes - qui font entrer cette activité dans ce qu’on appelle les services Connexe 3 - et notre profession.
La Quotidienne : A qui s’adresse le conseil en investissement financier ?
S.F. : A une clientèle en capacité d’épargner, donc en général à des profils CSP+ ou CSP+ potentiel. Un jeune qui commence dans la vie active peut devenir un CSP+ à terme mais, au départ, il faut qu’il se forme, qu’il comprenne les arcanes de la gestion de patrimoine, la meilleure façon de le construire, de le développer et de le transmettre. Nous sommes là pour ça. Et, bien sûr, notre métier s’intéresse à l’ensemble du patrimoine qu’il soit privé ou professionnel.
La Quotidienne : Quelles garanties les conseillers en investissement financier offrent-ils en termes de compétences ?
S.F. : La Chambre nationale des conseillers en investissements financiers (CNCIF) étant une association agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), nous avons déposé un référentiel début 2006 pour l’obtention de notre agrément. Celui-ci a été revu 10 ans plus tard pour l’adapter aux évolutions de la profession.. Nous disposons par ailleurs d’un Code de déontologie déposé auprès de l’AMF. Nos membres ont enfin des obligations de formation à la réglementation sur chacune de nos activités et nous leur proposons des programmes de formation spécifique à cet effet. Nous sommes aussi très vigilants et pointilleux en matière de blanchiment d'argent (tracfin) et de manière plus générale pour tout ce qui touche à la fraude fiscale. Notre profession apporte donc de nombreuses garanties. J’ajoute que, sur le plan capitalistique, nos structures sont indépendantes, nos membres ne « roulent » pas pour les fabricants de produits, mais uniquement pour leurs clients !
La Quotidienne : Sur votre site, vous listez les investissements qui sont actuellement à considérer avec prudence…
S.F. : L’AMF fait un certain nombre de recommandations sur son site internet et nous les relayons sur celui de la CNCIF. Aller au-delà et prendre l’initiative de citer des produits qui ne nous semblent pas adaptés au marché est juridiquement délicat. En revanche, ce que je peux affirmer c’est que la profession est sous le regard de l’AMF et que cette dernière a bien sûr un pouvoir de sanction. Par conséquent, les conseils en investissements financiers doivent se garder de proposer des produits suspects.
Propos recueillis par Laurent MONTANT
Stéphane Fantuz, Président de la Chambre nationale des conseils en investissements financiers